FR/EN - Festivals, necroses et bistouri : qui protège encore les clients. Tatoueur légal en Belgique, espèce en voie de disparition ? - Festivals, Necrosis & Scalpels in Belgium: Who Still Protects Tattoo Clients?
FR
Et si on relevait le niveau ?
Lettre ouverte d’un tatoueur passionné, inquiet… mais encore plein d’espoir.
Il y a des jours où l’on se dit que tout est encore possible.
Que même si les défis sont grands, il y a des gens prêts à écouter, à comprendre, à agir.
Récemment, nous avons été reçus par le Vice-Premier Ministre David Clarinval.
Et pour être honnête : cela fait du bien.
Pas de discours creux. Pas de promesses faciles.
Juste une écoute sincère, une prise de contact franche avec notre réalité de terrain.
Et ça, dans un monde où la méfiance est devenue réflexe, c’est déjà énorme.
Oui, je le dis sans détour : j’ai du respect pour cet homme politique.
Ce n’est pas à la mode, je sais.
Mais j’estime qu’il reste, en Belgique, des responsables publics qui ont encore le sens des institutions. Et parfois, il faut le dire.
Tatouer est un métier, pas un décor de festival
Je suis tatoueur. Et comme beaucoup de collègues, je fais mon travail avec sérieux.
Je me forme. Je déclare mes prestations. J’investis dans l’hygiène, les assurances, la rigueur.
Je refuse de tatouer des mineurs ou des gens ivres.
Et pourtant, autour de moi, les tatoueurs “éphémères” se multiplient.
Ils apparaissent dans des festivals, des soirées, des lieux qui n’ont rien à voir avec un espace médicalement adapté.
Ils tatouent des centaines de personnes en deux jours, sans certificat d’hygiène, sans assurance, souvent sans structure légale… et repartent avec la caisse.
Je pourrais faire pareil.
Je pourrais dire "allez, une fois n’est pas coutume", et gagner en un week-end ce que je gagne en un mois.
Mais si un jeune tombe malade ? Si une infection tourne mal ?
Je ne pourrais pas vivre avec ça.
Un drame évitable
Il y a quelques semaines, une jeune femme belge a été opérée illégalement pour se faire tailler les oreilles en pointe.
Ce n’était pas un médecin. Pas un chirurgien. Juste quelqu’un qui s’est improvisé spécialiste.
Résultat : nécrose sévère, hospitalisation, risque d’infection cérébrale, et bientôt amputation partielle.
Ce genre d’intervention ne devrait jamais avoir lieu.
Et pourtant, c’est arrivé.
Ici.
En Belgique.
Une loi bien écrite… et oubliée
Depuis 2005, un cadre légal existe : l’arrêté royal du 25 novembre 2005.
Il dit clairement :
- pas de tatouage en présence d’alcool,
- pas de pratique dans des lieux inadaptés,
- hygiène stricte obligatoire,
- déclaration préalable indispensable.
Mais dans les faits ?
Aucun contrôle.
Quand on signale une infraction, on nous répond :
« Ce n’est pas notre compétence. »
Et pendant ce temps, la confiance du public s’effondre, les cas graves se multiplient, et les professionnels honnêtes trinquent.
Une crise de la légalité, pas du tatouage
On parle de “crise du tatouage”.
Mais soyons clairs : la crise, ce n’est pas l’art, ce sont les règles qui ne sont plus appliquées.
Le marché est saturé par ce qu’on appelle les “Guests”.
Mais appelons les choses par leur nom :
Si un tatoueur n’a pas de certificat d’hygiène, ne paie pas ses impôts, n’est affilié nulle part,
alors ce n’est pas un “invité”.
C’est un acteur illégal.
Changer le mot ne change pas la réalité.
Et cette réalité, c’est une concurrence déloyale, un risque sanitaire, et une perte d’équilibre dans tout le secteur.
Et maintenant ?
Il ne s’agit pas de faire la guerre.
Ni de pointer du doigt.
Mais de relever la tête ensemble.
Nous ne voulons pas plus de contrôles pour le plaisir.
Nous voulons quelques actions ciblées, symboliques, visibles, qui redonnent du sens à notre métier.
Nous voulons une reconnaissance claire de ceux qui respectent les règles.
Et surtout, nous voulons que le public soit mieux informé.
Car au fond, ce sont les clients qui ont le pouvoir de changer les choses.
En choisissant un professionnel déclaré.
En posant des questions.
En refusant de se faire tatouer dans n’importe quelles conditions.
Un métier à défendre, ensemble
Je suis tatoueur.
Et malgré tout, j’y crois encore.
Je crois qu’on peut remettre du cadre sans tuer la créativité.
Je crois qu’on peut protéger les jeunes sans interdire la liberté.
Et je crois qu’avec un peu de courage, on peut remettre le tatouage à sa juste place : un art, une pratique, une responsabilité.
Alors oui, j’ai de l’espoir.
Parce que j’ai vu que certains nous écoutaient.
Parce que je sais que d’autres partagent ce ras-le-bol silencieux.
Et parce que je refuse de croire que la légèreté vaut plus que le respect.
Ce n’est pas “juste un tatouage”.
C’est un acte sur le corps. Et le corps, ça se respecte.
Merci à celles et ceux qui, malgré tout, tiennent bon.
Et à ceux qui sont prêts, aujourd’hui, à changer les choses.
Bruno Antonio Menei
Président
ASBL Tatouage Belgique
Pour un tatouage digne, légal, et vivant.
www.tatouagebelgique.org
EN
Being a Legal Tattoo Artist in Belgium — An Endangered Species?
Some days, you still want to believe it’s possible.
That despite the noise, despite the fatigue, there are still people willing to listen, understand, and take action.
Not long ago, we were received by Belgium’s Deputy Prime Minister, David Clarinval.
And to be honest — it was encouraging.
No grandstanding, no empty promises.
Just sincere listening, and a real willingness to understand what it means to work as a tattoo professional today.
And yes, I’ll say it openly: I have respect for this political figure.
Not because it's fashionable — it isn't — but because I still believe some people take their responsibilities seriously, even in politics.
Maybe it’s not a popular view. But I didn’t spend years studying philosophy to think like a guy at the bar after three beers —
even though I’ve heard some pretty wise things in bars too. But between charisma and running a country, there’s a big difference.
Tattooing is a profession — not a festival prop
I’m a tattoo artist. Like many colleagues, I take my job seriously.
I train. I declare my income. I invest in hygiene, insurance, standards.
I refuse to tattoo minors or drunk people.
And yet, all around me, "pop-up" tattooers are flourishing.
They set up shop in festivals, events, and late-night parties, far from anything resembling a safe or legal environment.
They tattoo hundreds of people in a weekend, without hygiene certification, without insurance, often without declaring anything — and then leave with the cash.
I could do the same.
Tattoo at high-profile festivals, gain exposure, make in two days what I usually earn in a month.
But what if someone gets seriously hurt? If an infection turns septic?
I couldn’t live with that.
A tragedy that should never have happened
Just a few weeks ago, a young Belgian woman underwent a body modification to have her ears reshaped into points.
This was not a surgeon. Not a doctor. Just someone pretending to know what they were doing.
The result?
Severe necrosis. Hospitalization. A brain infection risk. Partial amputation ahead.
It should never have happened.
And yet — it happened.
Here.
In Belgium.
We have laws. But they’re not enforced.
Since 2005, Belgium has had a clear legal framework:
The Royal Decree of November 25, 2005, which states that:
- tattooing cannot be done where alcohol is present,
- procedures must only take place in suitable, declared spaces,
- strict hygiene and safety standards must be followed.
But in practice?
No inspections. No enforcement.
When we report violations, the answer we often get is:
"That’s not our department. Try somewhere else."
Do you understand what message this sends?
"Do what you want — until something goes wrong."
This isn’t a “tattoo crisis.” It’s a legality crisis.
Let’s be honest — the art of tattooing is not in crisis.
What we’re experiencing is a collapse of basic enforcement.
Today, the Belgian tattoo market is overrun by what we call “guests.”
But let’s speak plainly:
A tattooist who has no hygiene certificate, doesn’t declare their earnings, and pays no tax is not a “guest.”
They are an illegal operator.
Changing the vocabulary doesn’t change the facts.
This is a situation of unfair competition, public health risks, and a growing number of injured clients — while legal professionals are expected to keep smiling and hold the line.
And while all this happens…
We stay. We persist.
We try to do things the right way.
But week after week, we see unregistered tattoo booths appearing at world-renowned festivals, tattooing in unregulated, unsanitary conditions — and then disappearing without a trace.
And sometimes, I ask myself: am I the fool here?
Am I just letting others take my clients, my revenue, and my future?
But no — I still believe that doing things properly is the only way to protect both our profession and the people we work with.
So what now?
We’re not asking for a witch hunt.
We don’t want to turn tattooing into a controlled industry of bureaucracy.
We’re asking for a collective wake-up call.
Some targeted inspections, just enough to set an example and remind people the law isn’t just for show.
Better communication with clients — so they can make informed choices.
And yes, the official recognition of our ASBL (non-profit association), so we can work in partnership with institutions to build a safer, more structured future for our art.
A profession worth defending
I'm still proud to be a tattoo artist.
Despite everything.
Despite the frustration, the fatigue, the unfairness.
Because I believe we can restore credibility to our profession — without killing its freedom.
That we can protect young clients without criminalizing body art.
And that we can continue to grow, legally, creatively, and responsibly.
So no — it’s not "just a tattoo."
It’s a commitment. A real act. A permanent gesture on a living body.
That deserves respect.
To all the clients, artists, and allies who still care:
Thank you for being there.
Bruno Antonio Menei
Chairman
Tatouage Belgique ASBL
For a safe, legal, and living tattoo culture.
www.tatouagebelgique.org
This is in Belgium for a small tattoo of a simple rose lining!




