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FR/EN -Tatouer dans une piscine gonflable ? Une anecdote révélatrice d’un problème national sérieux


Si nous étions dans n’importe quel autre pays d’Europe du Nord, un tel article aurait sans doute suscité au minimum de la perplexité, voire du désarroi. Mais souvenons-nous : nous sommes en Belgique. Le surréalisme fait partie de notre ADN culturel. Nous sommes capables du meilleur comme du plus absurde, et c’est à la fois ce que nous aimons et ce que nous déplorons chez nous.

Nous ignorons s’il s’agit d’un canular ou d’un fait réel, l'article date du mois de juillet pas du 1 avril... mais une chose est certaine : voir un tatoueur belge exercer depuis une piscine gonflable, comme rapporté récemment par la presse, révèle un malaise profond dans la régulation du secteur en Belgique. Ce qui pourrait sembler drôle dans un pays où la formation des tatoueurs est encadrée, le dialogue avec le ministère de la Santé actif et les normes européennes respectées, devient chez nous un signal d’alarme inquiétant.

Cela fait maintenant cinq ans que le SPF Santé publique refuse tout dialogue structuré avec les acteurs du tatouage professionnel. Le cadre légal national, lui, accuse un retard de plus de vingt ans par rapport aux directives européennes. Dans ce contexte, des pratiques comme celle évoquée, aussi sympathiques ou originales puissent-elles paraître, posent de réelles questions de santé publique.

Avec tout le respect dû à ce professionnel, qui semble agir avec humour et peut-être même bienveillance, il nous faut rappeler que le tatouage est un acte corporel potentiellement invasif. Il ne peut être pratiqué dans n’importe quelles conditions. Sur notre groupe Tatouage Belgique, qui rassemble plus de 30 000 membres, nous observons depuis le printemps une explosion d’événements illégaux, organisés sans aucune base hygiénique sérieuse : festivals, marchés, garden-parties, tatouages à domicile… Une dérive inquiétante.

Le tatouage concerne aujourd’hui plus d’un million de personnes en Belgique. Les cas de complications médicales rapportés par les hôpitaux sont en hausse. Et nous sommes les seuls, en tant que professionnels responsables, à assumer le coût, l’inconfort et la difficulté de lancer une alerte publique. Ce n’est ni notre rôle ni notre mission de base — nous sommes tatoueurs et tatoués, citoyens comme les autres — mais face à l’inaction, nous ne pouvons rester silencieux.

Sachez qu’un tatoueur professionnel exerce uniquement dans deux contextes légaux définis par l’article 5 de l’arrêté royal de 2005 :

  1. Dans un studio agréé et fixe ;
  2. Lors d’une convention de tatouage autorisée, encadrée par des normes précises.

Rappelons aussi qu’une convention n’est pas un marché artisanal avec un ou deux tatoueurs : c’est un événement quasi exclusivement composé de professionnels (à 99%). Il est urgent que les autorités, les citoyens et les clients prennent conscience des risques encourus et agissent en conséquence.

Nous demandons donc :

  • Aux citoyens de faire preuve de discernement ;
  • Aux autorités de contrôler et sanctionner les pratiques illégales ;
  • À la police et aux SPF concernés d’intervenir préventivement ;
  • Et à nos collègues de ne pas banaliser des pratiques qui affaiblissent notre métier.

Nous avons entamé des démarches avec Test-Achats et attendons toujours une réponse gouvernementale. Il est temps de construire un cadre digne, protecteur et cohérent pour le tatouage en Belgique.

Ce n’est pas une blague. Il y va de la santé publique.

👉 Lire l’article original ici :
https://www.hln.be/mechelen/op-zoek-naar-verkoeling-mechelse-tatoeeerder-werkt-vanuit-opblaaszwembad~a562ccd4/

Bruno Antonio Menei

Président ATB - ASBL Tatouage Belgique

Pour une pratique responsable, encadrée et respectée.


EN

Tattooing in an inflatable pool? A revealing anecdote of a serious national issue

If we were in any other Northern European country, such an article would have likely sparked at least confusion, if not concern. But let’s not forget: we are in Belgium. Surrealism is part of our cultural DNA. We are capable of the best, as well as the most absurd—and that’s precisely what we both love and lament about our country.

We don’t know whether this is a hoax or a true story—the article is dated July, not April 1st—but one thing is certain: seeing a Belgian tattoo artist working from an inflatable pool, as recently reported in the press, reflects a deep dysfunction in the regulation of our sector. What might seem humorous in a country where tattoo training is formalized, where dialogue with the Ministry of Health is ongoing, and where European standards are followed, becomes, here in Belgium, a serious warning sign.

For five years now, the SPF Public Health has refused any structured dialogue with professional tattoo representatives. Our national legal framework is over twenty years behind current European regulations. In this context, practices such as the one described—however charming or humorous they may seem—raise genuine public health concerns.

With all due respect to the professional involved, who appears to act with a sense of humor and perhaps even goodwill, we must recall that tattooing is a potentially invasive bodily procedure. It cannot be carried out in just any conditions. On our Facebook group Tatouage Belgique, which gathers over 30,000 members, we’ve witnessed a surge since spring in illegal tattoo events—festivals, markets, garden parties, in-home sessions—all taking place without any serious hygiene protocols. It’s a deeply worrying trend.

Tattooing now concerns over a million people in Belgium. The number of medical complications reported by hospitals is on the rise. And yet, we are the only ones—responsible professionals—bearing the cost, inconvenience, and burden of raising public alarms. This is neither our core mission nor our responsibility—we are tattoo artists and tattooed citizens like everyone else—but in the face of inaction, we cannot stay silent.

Let it be known: a professional tattooist operates only within two legal contexts as defined by Article 5 of the Royal Decree of 2005:

  1. In a fixed and licensed studio;
  2. At a licensed tattoo convention, governed by precise regulations.

Let’s also remember: a tattoo convention is not a craft market with one or two tattooists—it is an event composed almost exclusively (99%) of professionals. It is urgent for authorities, citizens, and clients to become aware of the risks and act accordingly.

We therefore call upon:

  • Citizens to exercise discernment;
  • Authorities to monitor and sanction illegal practices;
  • Police and relevant SPF services to take preventive action;
  • And our colleagues to not normalize practices that degrade our profession.

We have opened discussions with Test-Achats and are still waiting for a governmental response. It is time to build a framework that is worthy, protective, and coherent for tattooing in Belgium.

This is no joke. It’s a matter of public health.

👉 Read the original article here:
https://www.hln.be/mechelen/op-zoek-naar-verkoeling-mechelse-tatoeeerder-werkt-vanuit-opblaaszwembad~a562ccd4/


Bruno Antonio Menei

Chairman – ATB / ASBL Tatouage Belgique

For responsible, regulated, and respected tattooing.

Stop au Tatouage Sauvage Belgique

Stop to wild tattooing in Blegium